jeudi 21 février 2019

Un reflet sur Lequeu

(Des caresses, 1896, Fernand Khnopff)

Lilith ne pouvait pas manquer l'occasion rêvée de se pâmer devant l'étalon de l'androgynie, symbolisée par Des caresses, Les caresses, L'art : autant de titres donnés à ce tableau de Fernand Khnopff représentant la rencontre d'Oedipe et du Sphinx sous les traits de sa soeur Marguerite, et présenté au premier salon de la Sécession Viennoise en 1898. L'incertitude de l'artiste à nommer son oeuvre s'interprétant comme la preuve parfaite de son ambivalence. L'homme, à l'évidence amoureux de sa soeur, la déclina sous toutes les formes, mais toujours avec la distance que confère l'interdit : nul regard lascif, nulle pose suggestive, l'intouchable portant même parfois de longs gants de peau, protégeant de toute ambiguïté jusqu'à la simple poignée de mains fraternelle.

Le secret

 L'encens

Le silence 

Khnopff se fait rare et il faut se rendre à Bruxelles ou à Vienne pour admirer ses toiles, alors cette exposition à Paris, au Petit Palais, était un cadeau de fin d'année, ajouté à celui d'un premier gilet jaune, que Lilith ne pouvait pas refuser.
Sur place, une  autre exposition d'un certain Jean-Jacques Lequeu (1757-1828) n'aurait probablement pas attiré l'attention de Lilith, si l'architecte en question n'avait pas été catalogué, pour l'occasion, Bâtisseur de fantasmes. Alors, une fois rassasiée de Khnopff et de ses évanescences fin-de-siècle, pourquoi ne pas découvrir des fantasmes assumés, nés d'un 18ème siècle libertin ? D'autant que l'affiche est plutôt alléchante...



Les trois-quarts de l'exposition parcourus au pas de course, les plans couleur de bâtiments et autres planches de travail n'étant pas de nature à susciter le moindre intérêt ni désir chez Lilith, c'est très près de la sortie, juste avant que l'affiche accrocheuse ne tourne à l'arnaque intégrale (à défaut de nus) qu'enfermées dans une sorte d'alcôve (à côté de laquelle il est possible de passer sans la voir, à moins de faire preuve de pugnacité dans sa quête), se trouvent effectivement quelques perles qui méritent le détour, à commencer par Et nous aussi nous serons mères, car... (peint en 1793). Illustration oh combien intéressante ! de l'effet kiss-cool de la Révolution Française sur une fort jolie nonne arrachant sa guimpe qui se transforme, au creux de sa main, en une énorme bite !


Après le sexe désincarné des oeuvres de Khnopff, les dessins anatomiques de Lequeu sont d'un savoureux contraste et son Agdestis, fils de Jupiter, hermaphrodite barbu, tenant une foudre en forme de flèche dans une main et une rose dans l'autre, est aux antipodes de la délicate sphinge Marguerite.

Âge pour concevoir

L'infâme Vénus couchée, posture lubrique d'après nature

Le Dieu Priape

Verge atteinte de paraphimosis

Agdestis, fils de Jupiter

C'est en photographiant ces oeuvres surprenantes, que le visage d'une femme d'un autre tableau vint s'inviter en reflet sur le sexe de la Posture lubrique de Bacchus : un reflet sur Lequeu, ou comment le goût de Lilith pour le symbolisme s'imposa spontanément à un roi du réalisme...

Posture lubrique de Bacchus, ou : 
Un reflet sur Lequeu
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Fernand Khnopff, Le Maitre de l'énigme : jusqu'au 17 mars 2019
Jean-Jacques Lequeu, Bâtisseur de fantasmes : jusqu'au 31 mars 2019


jeudi 14 février 2019

mardi 12 février 2019