Photographie : Lilith Jaywalker (2012).
dimanche 26 avril 2015
mercredi 22 avril 2015
Dessine-moi un gauchiste
« Si on laisse entendre qu'on peut rire de tout, sauf de certains aspects de l'islam, parce que les musulmans sont beaucoup plus susceptibles que le reste de la population, que fait-on, sinon de la discrimination ? La deuxième religion du monde, la prétendue deuxième religion de France, ne devrait pas être traitée comme la première ? Il serait temps d'en finir avec ce paternalisme dégueulasse de l'intellectuel bourgeois blanc "de gauche" qui cherche à exister auprès de "pauvres malheureux sous-éduqués". Moi, qui suis éduqué, évidemment, je comprends que Charlie-Hebdo fait de l'humour, puisque, d'une part, je suis très intelligent et, d'autre part, c'est ma culture. Mais, par respect pour vous, qui n'avez pas encore découvert le second degré, je fustigerai solidairement ces dessins islamophobes que je ferai semblant de ne pas comprendre. Je me mettrai à votre niveau pour vous montrer que je vous aime... Et s'il faut que je me convertisse à l'islam pour être encore plus proche de vous, je le ferai ! Ces démagogues ridicules ont juste un énorme besoin de reconnaissance et un formidable fantasme de domination à assouvir. »
(extrait de la Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des communautaristes et des racistes, de Charb, achevée deux jours avant son exécution pour blasphème).
(extrait de la Lettre aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des communautaristes et des racistes, de Charb, achevée deux jours avant son exécution pour blasphème).
lundi 13 avril 2015
Lutter pour la séduction des risques
Si
on ne lui avait pas fait cette proposition de rendez-vous à l'espace des
Blancs-Manteaux, où se tenait, les 11 et 12 avril dernier, à Paris, le Printemps
des associations inter-LGBT, Lilith
n'y serait sans doute pas allée, et elle aurait eu tort. Même si elle commença
par rater de peu celui qui motiva sa venue, les flyers et tracts qu'on lui
distribua, et les rencontres qu'elle y fit, furent autant d'occasions de
découvrir ce qu'est devenue la scène LGBT française en ce début d'année 2015.
Une sorte d'état des lieux, en quelque sorte, qui commença, aux alentours de la
halle, par l'accueil d'une discrète, mais néanmoins imposante, présence
policière.
C'est
au cours de sa quête, vaine, que Lilith eut le plaisir de faire la connaissance
de Patrick Cardon, fondateur des éditions Gay Kitch Camp – mémoire
vivante de la pensée et des pratiques homosexuelles, dont il tenait la table –
militant du FHAR au début des années 70 et fondateur, en 1979, de la Mouvance
Lesbienne Folle (MLF), dont il a
conservé la gouaille et la superbe. Cette incomparable et baroque désinvolture,
propre aux pédés-intellos, qui n'hésitent pas à parler cul après quelques
minutes de sérieux, de crainte de provoquer l'endormissement : le leur
comme celui de leur interlocuteur, ce dernier leur fût-il – comme Lilith –
totalement inconnu au prélude de la conversation.
Mais
si Patrick Cardon n'a pas mis d'eau dans son sperme, le discours de beaucoup
d'autres semble avoir changé. Il fut un temps où l'hétéro, s'il était toléré en
ces lieux, n'était pas pour autant recherché. Les gays et les lesbiennes se démarquaient de
l'hétérocentrisme dominant par une indifférence vis-à-vis de ces normopathes dont ils ne souhaitaient – pas plus que cela – la
compagnie. Aussi, quelle n'a pas été la surprise de Lilith de découvrir que si
les Popingays aiment la musique et
la bonne chère, la bière et les belles chairs, ils aiment aussi les filles qui
aiment les filles, les filles qui aiment les garçons, les garçons qui aiment
les garçons et les garçons qui aiment les filles. Ils aiment aussi la pop, le
rock et l'indé. Ils se revendiquent, par ailleurs, militants, aux côtés des Soeurs
de la Perpétuelle Indulgence, des Séropotes, de SOS homophobie, de l'ARDHIS et d'Existrans. L'association
Laissez-nous danser invite à les
rejoindre les gays, lesbiennes, bi, trans, mais aussi les hétéros, au même
titre que les : "petits, grands, trop typés, mal coiffés, à
lunettes ou en chaussures à talons".
Lilith s'est interrogée sur le sens de ce rapprochement, car si d'autres
associations présentes ne gravent pas dans le marbre cette dérive, nombre de celles présentes à cette manifestation,
qu'il s'agisse de faire de la musique ou du théâtre, entendaient mettre à
l'aise, et inviter à les rejoindre, chacun(e), quelles que soient ses préférences
sexuelles.
Lilith
se demande si un cap n'a pas été passé, entre le moment où rien n'était permis
aux homos, mais tout était possible à imaginer, et cette funeste époque que
nous traversons aujourd'hui, où désormais, "tout" est permis (si l'on
exclut la question des enfants) mais plus rien de subversif ne semble possible
: le magasine Têtu adoube un facho
consacré "Mister gay" de l'année, ravi de pérorer qu'être gay n'ancre
plus à gauche. Le mariage homosexuel a vu le jour, en même temps qu'une
recrudescence des agressions anti-pédés. Les religions monothéistes prennent,
ou reprennent, du galon et s'entendent – de concert – à diaboliser la sodomie
comme le saphisme. Les putes furent, dans un récent passé, privées de manif le
8 mars, par l'autorité LGBT, au motif qu'elles participeraient d'une image
dégradante de la femme, et cette année, Act Up, qui les avait alors défendues, s'enorgueillit de
marcher à Belleville aux côtés de femmes voilées…
C'est peut-être pour tout ça, ou à cause de tout ça, que
certaines assoces ne se sentent plus la force, ou l'envie, de se démarquer
frontalement des hétéros. En un sens, cela permet de comprendre que le but
n'est pas tant de se déterminer par ses préférences sexuelles que d'imaginer un
monde sans domination : sexiste, sexuelle, raciste, mais aussi économique.
Quoi qu'il en soit, si aujourd'hui, en France, les droits formels des homos semblent consacrés, leur droit réel à vivre au grand jour leurs amours est loin d'être acquis. La vitrine du Marais, pré carré des gays friqués, ne met plus, même les riches pédés, hors de danger. L'époque est mauvaise, elle est une insulte à l'intelligence. Il ne faut céder sur rien, il faut se battre sur tous les fronts, et ne pas craindre les risques...
Quoi qu'il en soit, si aujourd'hui, en France, les droits formels des homos semblent consacrés, leur droit réel à vivre au grand jour leurs amours est loin d'être acquis. La vitrine du Marais, pré carré des gays friqués, ne met plus, même les riches pédés, hors de danger. L'époque est mauvaise, elle est une insulte à l'intelligence. Il ne faut céder sur rien, il faut se battre sur tous les fronts, et ne pas craindre les risques...
vendredi 10 avril 2015
lundi 6 avril 2015
Inscription à :
Articles (Atom)