mercredi 19 décembre 2018

Veni, Vidi, Vinci !



Une conclusion comme on les aime !

jeudi 18 octobre 2018

Marie couche-toi là !


L’inondation est comme la religion, l’une et l’autre doivent rentrer dans leur lit pour n’en plus sortir.

(Lilith, s’adressant aux inondés de l'Aude, 2018)

samedi 6 octobre 2018

L'été en pente rousse

(Janis Rozentāls, La princesse au singe)

« C'était l'automne, la saison rousse, les feuilles voltigeaient sur les gazons comme des volées d'oiseaux. On sentait traîner dans l'air des odeurs de terre humide, de terre dévêtue, comme on sent une odeur de chair nue, quand tombe, après le bal, la robe d'une femme. »

(Un coq chanta, dans Contes de la Bécasse, de Guy de Maupassant)

mercredi 5 septembre 2018

Après moi le début

La procréation, c'est l'au-delà de l'athée dubitatif : 
l'éternité par procuration...

vendredi 17 août 2018

mercredi 15 août 2018

Fashion Freak

Pub de la marque GAP pour la prochaine rentrée scolaire

Cet été, libéralisme et obscurantisme se la jouent prescripteurs de tendances. Chic ! Bientôt sur les podiums : la robe de mariée en clôture des défilés de mode pour petites filles ! De quoi les rendre impatientes de savoir marcher...

samedi 26 mai 2018

68, résultat érotique !


L'Irlande vient de voter à 68 % pour l'abrogation de l'interdiction constitutionnelle de l'avortement.
Une victoire contre la bigoterie qui met du baume au cul par les temps qui courent !...

samedi 24 mars 2018

Réponse à Catherine


Le 27 février dernier, Catherine a réagi au texte de Lilith Il n'y a pas de femmes frigides, il n'y a que des femmes mal violées !... Son commentaire appelait une réponse, qui, tardant à venir, aurait pu échapper à la principale intéressée. Ayant enfin trouvé le temps de se pencher sur la question, Lilith fait le choix de retranscrire l'échange sous la forme d'un nouveau billet :

 – Catherine : « Ce cochon de Morin »
En principe je n'aime pas trop les contre-exemples, souvent trompeurs, tronqués, qui font trébucher une vérité qui peine à se faire entendre. Surtout quand il s'agit de lutte contre la misère, l'asservissement des uns ou des unes par les autres. Mais je ne suis pas très à l'aise non plus quand on met dans le même sac les types abjects, et les pauvres types pas bien méchants, et qu'on les livre indifféremment à la vindicte populaire, comme si toutes les histoires se valaient. Guy de Maupassant était-il adepte du « droit d'importuner » ? Avec son conte «Ce cochon de Morin» ? Je ne pense pas, non. Trouvé sur un blog, suite à la version télévisée de «Ce cochon de Morin», dans le cadre de la collection Maupassant, (réalisée par Laurent Heynemann), un commentaire de l'acteur Didier Bénureau qui joue Morin. (Attention cela date de 2008). [Revenant de Paris en train, Morin, mercier à La Rochelle, se risque à embrasser brusquement une belle jeune fille, Henriette, dans le compartiment où ils voyagent seuls. Elle hurle de peur et Morin est arrêté. Pour aider Morin, le journaliste Labarbe se rend chez l'oncle de la jeune fille, afin de lui demander de retirer sa plainte... Didier Bénureau : "La première chose que Laurent Heynemann m’a dite, c’est : “Surtout, n’essaie pas de faire rire.” Et comme je suis un comédien docile, j’ai joué comme c’était écrit : Morin est timide, maladroit et naïf. J’ai essayé de jouer cette couleur, comme on joue une note sur un piano. Forcément, j’ai ramené le personnage à moi, à ce que je peux être parfois. Ce n’est pas plus compliqué que cela. Laurent avait raison : si on avait fait de Morin une caricature, un gros dégueulasse ridicule, on passait à côté de l’esprit de cette histoire.  Je crois que Maupassant, en général et particulièrement dans Ce cochon de Morin, critique moins les personnages que la société dont ils sont le produit, les situations sociales, la morale dominante. Labarbe n’est pas antipathique. C’est un ambitieux, un peu calculateur, un peu faux. Il séduit les femmes, mais sans méchanceté aucune. Quant à Morin, c’est un petit bourgeois terne et coincé, dominé par sa femme. Labarbe lui parle de séduction, de plaisir, alors évidemment cela enflamme son imagination, il en perd la tête… Lui qui n’a jamais trompé son épouse, jamais rien tenté avec les femmes, la seule fois où il s’autorise un geste, paf ! c’est la catastrophe, il est traîné dans la boue et sa vie est foutue.  Tandis que Labarbe séduit sans peine Henriette en lui faisant du baratin et que la jeune femme, des années plus tard, une fois mariée, laisse entendre à Labarbe qu’elle aimerait le revoir… Alors, où est-elle, la morale, dans cette société qui brise un pauvre type dont le seul tort est de ne pas savoir s’y prendre ? Maupassant n’est pas amoral, il est immoral : il fait exploser la morale.”] 
Il est temps de balancer son « porc », mais faut-il pour autant balancer « ce cochon de Morin » et tous les Morin en général ? 
Mon commentaire va sans doute vous mettre en rogne, tant pis pour moi. Et mille pardons si c'est le cas.


Lilith : Très Chère Catherine,
Votre commentaire laisse à penser (mais j'espère me tromper) que vous êtes de ces natures débordantes d'empathie, toujours à craindre de froisser l'autre et qui cherche en elle-même, plutôt que chez un(e) auteur(e) extérieur(e), les raisons de ses propres mésaventures. Rassurez-vous, quand bien même votre commentaire m'aurait mise en rogne (ce qui ne fut pas le cas), il n'y aurait pas motif à solliciter mon pardon. Vous me lisez et ne serait-ce que pour cela, c'est à moi de vous remercier, que vous partagiez ou non mes propos.
Je n'avais pas lu Ce cochon de Morin et grâce à vous, je me réveille ce matin un peu moins ignorante. L'histoire est édifiante, fort bien écrite et il est vrai qu'un seul baiser volé a transformé cet homme en dindon de la farce. Mais pour autant, je n'en tire pas la même conclusion que vous. Maupassant dénonce dans cette nouvelle l'hypocrisie de la morale bourgeoise judéo-chrétienne du 19ème siècle et la duplicité des jeux d'apparences qui l'accompagne. Il n'intervient pas sur le terrain du droit – ou non – pour un homme d'importuner les femmes pour parvenir à ses faims. Au demeurant, dans les deux cas Henriette se fait importuner : même si Labarbe commence pôliment par se présenter puis justifie son emballement soudain, il n'en reste pas moins que – comme Morin – il se sert aussi par surprise, avant d'obtenir (pour ce qui le concerne) un début de consentement. Dans cette histoire et conformément au rôle dévolu à cette époque à la femme en général et à la femme bourgeoise en particulier, elle n'existe ici que pour sa faculté d'être à l'origine de la perte d'un homme et de la gloire d'un autre. Maupassant ne la place absolument pas en victime potentielle des ardeurs qu'elle déclenche. Du début à la fin de la nouvelle, la seule victime est et restera ce cochon de Morin. La femme ici n'est qu'une pièce rapportée, la tentatrice qui réveille chez les hommes leur animalité et l'idée de prédation n'est jamais interrogée tant elle est tenue pour acquise.
Ainsi, comme vous le craigniez, Catherine, le contre-exemple est une fois de plus trompeur. Néanmoins vous me posez la question de savoir s'il ne conviendrait pas de hiérarchiser entre le simple cochon et le porc, mais si le cochon est identifié, je ne sais pas qui – pour vous – est un porc : le Labarbe de la nouvelle ou les agresseurs qui ne se contentent pas d'un seul baiser volé ? Quoi qu'il en soit, ce faisant, vous vous placez exactement sur le terrain des signataires de la tribune, qui distinguent "le type abject" du "pauvre type pas bien méchant", frustré, victime d'une "grande misère sexuelle", le dragueur lourd et même le mec harcelant, qui, au grand bonheur de Sophie de Menthon, à force d'insistance, est devenu son mari.
Vous l'aurez déjà compris, Catherine : pour avoir choisi de rester nullipare, je suis restée totalement démunie de cet instinct maternel qui voudrait que j'excuse l'enfant qui se cache derrière l'homme désirant, que je pardonne au petit tyran qui sommeille en lui, que j'admette que le ça le domine, que le surmoi n'a pas encore trouvé sa place et que différer le principe de plaisir lui est insupportable. Pour autant, comme toute-une-chacune, je fais la différence entre une main aux fesses et un viol, la question n'est pas là. Accepter la main aux fesses c'est préparer le lit du viol, comme l'injure sexiste, raciste, antisémite ou homophobe prépare l'agression (voire le crime) sexiste, raciste, antisémite ou homophobe. Pourtant ce ne sont que des mots et pourtant une main aux fesses n'est qu'une main aux fesses...

Il n'est donc pas seulement temps de balancer les porcs et de couvrir ceux qui sommeillent chez les petits cochons, il est temps de laisser aux femmes le choix d'évaluer elles-même l'importance qu'elles accordent aux agressions dont elles ont été victimes, qu'elles soient verbales, psychologiques ou physiques, et de leur laisser le droit de rendre la honte encore plus honteuse en la livrant à la publicité, si cela leur fait plus de bien que de s'en remettre aux prétoires. Enfin, il est temps de comprendre qu'entre la prédation et les jeux de séduction, il y a un monde à choisir : la barbarie ou la civilisation. Pour ma part, mon choix est déjà fait...

Les ailes du désir

samedi 17 mars 2018

Balade en Encéphales


Le plus souvent relégués, cachés de la vue du commun des mortels, les fous ces derniers temps sont à l'honneur, à défaut d'être à la fête. C'est ainsi qu'après deux expositions dans les murs du tristement célèbre hôpital Sainte-Anne, s'achève, dimanche 18 mars au soir, l'exposition La folie en tête, dans les murs de ce qui fut la maison de Victor Hugo à Paris. Le choix du lieu n'est pas anodin, le poète ayant vu sombrer dans la folie son frère aîné Eugène et sa fille Adèle. Si ces derniers payèrent leur tribut à la maladie en lui abandonnant tout élan créatif, d'autres, au contraire, flirtèrent avec le génie et nous laissèrent pour mémoire de leurs vies confisquées des oeuvres à faire pâlir d'envie la bande d'imposteurs de la FIAC. La folie en tête nous ramène aux racines de l'art brut, avant que Jean Dubuffet n'en devienne le grippe-fous qui feront sa fortune et qu'un dessin d'Adolf Wölfli, interné à l'hôpital psychiatrique de la Waldau à Berne et mort en 1930, ne s'échange aujourd'hui contre la modique somme de 150 000 €. 
L'exposition est répartie autour des collections de quatre médecins aliénistes des 19ème et (début du) 20ème siècles : la collection du docteur Browne, médecin à l'asile de Crichton, en Ecosse, destiné aux patients aisés, bénéficiant de cours de dessin parfois prescrits à des fins thérapeutiques ; la collection du docteur Auguste Marie, médecin-chef de l'asile de Villejuif en 1900, avant de rejoindre Sainte-Anne en 1920, et qui, dès 1908, réunissait déjà pas moins de 1500 pièces ; la collection de Walter Morgenthaler, médecin à l'hôpital psychiatrique de Berne, composée de 2500 images sur des feuilles de papier, dans des cahiers à dessins, 2000 feuillets de textes, sculptures en bois, tissu ou argile, comme autant de portraits de l'âme des pensionnaires ; enfin, la collection du docteur Hans Prinzhorn, rassemblée dans la clinique universitaire de Heidelberg, débutée par son prédécesseur Emil Kraepelin, dès 1871, dans la perspective de la consitution d'un musée de l'art des aliénés.
Si ces oeuvres disparaîtront de la maison de Victor Hugo dimanche soir pour n'y laisser que les fantômes de leurs auteurs, elles reprendront dès lundi leur place dans les bibliothèques Dunfries et Galloway, au Royaume-Uni, dans la collection d'art brut du musée de Lausanne et au musée de l'hôpital psychiatrique Stiftung à Berne, en Suisse, dans celui de la clinique d'Heidelberg en Allemagne, ou encore au Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve d'Ascq, en France. Lilith remercie de tout coeur la folie de lui inspirer ainsi de nouveaux désirs de voyages et de lui offrir un peu de beauté dans ce monde de brutes.

(Auteur : Le Voyageur Français)

(Le Voyageur Français)

(Le Voyageur Français)

(Émile Josome Hodinos, sans titre

(Émile Josome Hodinos, sans titre) 

(Adolf Wölfli, sans-titre, 1915) 

(J.G., The Confessional Press)

(Joseph Askew, Stylised Figure)

(Anonyme, Februarius)

(Anonyme, Seascape with upside down view)






jeudi 8 mars 2018

dimanche 25 février 2018

Bon vent !



Difficile de faire de beaux rêves dans un monde cauchemardesque. Certains y parviennent en dormant du sommeil de l'injuste et d'autres veillent, craignant quelque nouveau mauvais coup né du moindre endormissement. Ainsi l'insomnie a du bon : se donnant le temps de la réflexion, elle méprise le Marchand de sable et autres commerçants, ne croit pas au Père Noël et, poursuivant sa haine du patriarcat, elle ne croit pas non plus en Dieu. Les 144 raisons de vomir toutes les religions, égrainées au fil d'un petit recueil de 63 pages, paru ce mois-ci chez L'insomniaque Éditeur, ont de quoi réchauffer le coeur. Lilith propose de compléter l'ouvrage à l'infini, pour repousser le daron jusqu'au bout du ciel et apporte sa contribution : raison n°145 : "Celui qui pense avec difficulté, croit avec empressement" (Ambroise Bierce, Épigrammes).

mercredi 14 février 2018

L'amour est un oiseau rebelle...

(Guillaume Pujolle, La loi des rebelles, 8 mars 1939)

... qui n'a jamais connu de loi

Guillaume Pujolle (1883-1971), "présenté comme rebelle à toute forme d'autorité", est entré en hôpital psychiatrique le 9 juin 1926, à 43 ans, pour ne plus jamais en ressortir. Ses premières oeuvres datent de 1935, après neuf ans d'internement, mais il semble avoir brusquement cessé de peindre vers 1947, alors qu'il compte 54 printemps. Depuis l'enfer(mement) de son quotidien, il puisa son inspiration dans des photographies, reproductions de tableaux et autres images, trouvées sur place et propres à nourrir son imagination. Sa technique, à l'égal de sa vie, est on ne peut plus hospitalière : de l'encre, des crayons de couleur, mais surtout du mercurochrome, de la teinture d'iode et toutes sortes de produits pharmaceutiques. Ses créations sont actuellement présentées – avec celles d'autres compagnons d'infortune – dans l'antre de la folie parisienne. L'endroit, au coeur de la glauquitude hivernale, peut paraître rebutant, mais le souffle de vie qui s'échappe de ses murs vaut, sans aucune hésitation le déplacement.

                               
                                     (Combat du Giaour et du Pacha, 10 janvier 1939)

Elle était une fois, Acte II, la collection de Sainte-Anne autour de 1950, jusqu'au 28 février 2018.

    (Le Cocq et Maître Loup, 6 novembre 1940)




dimanche 4 février 2018

Il n'y a pas de femmes frigides, il n'y a que des femmes mal-violées !...



Au moment, où, en Iran, des femmes accrochent leur voile au bout d'une pique comme  par le passé  furent brandies en France les têtes des aristos ; au moment où des femmes détournent le rôle marchand et débilitant des réseaux sociaux pour sortir de leur isolement, comme l'expérimentèrent en leur temps les insurgés du Chiapas qui se firent ainsi connaître du monde entier, nous assistons à une bataille rangée – par tribunes interposées – de tout ce que l'hexagone compte de féministes revendiquées, quand bien même ce que les unes défendent au nom du féminisme se révélerait l'exact contraire de ce que défendent les autres (voir l'article précédent : Où sont la femme ? Prélude à l'internationale féministe...)
D'un côté, il y aurait les vraies femmes libérées, ne craignant rien des hommes, et de l'autre, les bigotes, les peine-à-jouir, les "enfants à visages d'adultes" réclamant d'être protégés.
L'analyse socio-économique des signataires de la tribune défendant une "liberté d'importuner indispensable à la liberté sexuelle" révèle une parfaite adéquation entre leur statut dans la société et leur relation à la notion de faiblesse. Elles méprisent les femmes qui ne se remettent pas d'un viol, à l'instar de Catherine Millet regrettant beaucoup de "ne pas avoir été violée et donc n'avoir jamais pu témoigner que d'un viol, on s'en remet" (sic). Elles n'ont pas assez de mots de dédain à l'égard de celles qui vivent mal de s'être fait juter sur les fesses par un frotteur, en rentrant du boulot, alors que ce serait faire preuve de plus de conscience que d'envisager cela "comme l'expression d'une grande misère sexuelle, voire comme un non évènement"
Ces femmes, prétendument libérées, ne sont autres que des femmes bourgeoises libérales, pour qui la force, la volonté de vaincre et de dominer sont les valeurs qui doivent habiter les seules femmes qui méritent leur respect (les faibles – comme les pauvres – ne le restant, faibles ou pauvres, que par leur faute, leur manque de combativité et leur incapacité à s'adapter à la violence des hommes, comme à celle du monde marchand). Au demeurant, elles ne revendiquent pas d'élever leurs garçons dans le respect des femmes, mais trouvent "plus judicieux" d'élever leurs filles "de sorte qu'elles soient suffisamment informées et conscientes pour pouvoir vivre pleinement leur vie sans se laisser intimider ni culpabiliser, afin de pouvoir répondre à cette liberté d'importuner, autrement qu'en s'enfermant dans le rôle de proie". L'idée que les rapports entre les hommes et les femmes pourraient trouver d'autre fondement que celui de la prédation – donc le rapport de force – ne les effleure pas un instant : les petits garçons peuvent continuer à devenir des beaufs machos ; leurs petites filles, quant à elles, devenues grandes, pourront chanter fièrement Johnny, johnny, fais-moi mal : ma maman m'a appris le Kung-fu !
Mais ces femmes qui ont choisi de rouler pour les mecs, les confortant dans les manifestations les plus détestables de leur libido et de l'expression de leurs désirs, ce faisant, se targuent de nous prémunir contre les ennemis de la liberté sexuelle, les extrémismes religieux et le retour de la morale victorienne. C'est assez cocasse, et bien représentatif de l'assurance de classe des bourges, que d'oser nous la faire à l'envers avec un tel aplomb. En effet, c'est précisément leur vision de la dévolution des rôles entre hommes et femmes et leur rapport au sexe qui sont farouchement ennemis de la liberté sexuelle, et conformes aux préceptes religieux et moraux, les religions dites du Livre ne prônant rien d'autre qu'une sexualité féminine subie, passive et maintenue sous l'emprise de l'homme, ensemenceur de vie...
Alors, de quoi ces courageuses amazones, adeptes de la drague lourde, du beauf libidineux, du relou collant, du tripoteur à la petite semaine et du patron à la main baladeuse, sont-elles censées nous protéger, puisqu'elles partagent avec le discours religieux le même principe de domination de l'homme sur la femme ? Principe ancestral, archaïque et ringard dans le premier cas, mais curieusement tendance et épanouissant du second point de vue : Brigitte Lahaie, balayant la vieille sexualité comme Macron la vieille politique, signalant fièrement sur les ondes, aux has been demeurées ignorantes, que l'on peut "jouir d'un viol". Révélation ô combien moderne et rassurante, qui nous ouvre de prometteuses perspectives pour l'avenir : il n'y a pas de femmes frigides, il n'y a que des femmes mal-violées !
Alors, puisque les adoratrices des importuns et celles et ceux du Tout-Puissant voguent donc sur la même galère, que devrions-nous craindre, encore, de ce déferlement de délatrices que, selon l'expression consacrée, nous n'aurions pas aimé avoir eues comme voisines aux heures les plus sombres de l'Histoire, et qui ont l'affront, voire le mauvais goût, de ne pas savoir apprécier à leur juste valeur les mots grossiers et agressions polymorphes dont elles ont fait l'objet ? – La mort de l'Art ! Rien que ça ... Debord, par le passé, l'avait souhaité, les bourges libérales de la fumeuse tribune la craignent, le prédisant en danger.
Ainsi, l'Art qui a vu le jour et traversé les siècles du fait des religions, contre ou à côté de celles-ci, serait plus menacé aujourd'hui que des femmes expriment leur ras-le-bol de subir les assauts résultant de pulsions sexuelles non-partagées, que du temps où elles fermaient leur gueule ? C'est omettre que l'obscurantisme religieux se fout totalement de la parole des femmes et n'a jamais eu besoin de la prendre comme prétexte pour interdire la reproduction du corps humain, ou la détruire (cf les interdits et l'hypersexualisation de l'ère victorienne ou, plus récemment, la destruction des bouddhas géants de Bâmiyân). Les suffragettes anglaises furent une riposte à la morale victorienne, et non l'inverse. Ce qui est à craindre aujourd'hui n'est pas que la parole des femmes se libère, ni l'éventuelle récupération qui pourrait en être faite. La crainte de la récupération de quelque manifestation de liberté que ce soit ne saurait justifier de l'étouffer dans l'oeuf ou de la décrier. Que les signataires de cette tribune, du fait de leur position sociale, soient le résultat de la récupération, par le capitalisme, du désir des féministes de la fin des années 60 de sortir de leur foyer et d'obtenir leur autonomie financière, n'enlève rien à la légitimité du combat de ces femmes en leur temps. Et ce, quand bien même nous serions-nous bien passé de femmes devenues productrices (Francesca Piolot), consultantes en marketing (Evelyne Vitkine), ou Chefs d'entreprise (Sophie de Menthon), pour ne citer que quelques-unes desdites signataires...
Pour tenter d'enrober leur pilule du sucre de la radicalité, celles-ci ont cru bon d'exhumer le philosophe Ruwen Ogien, lui empruntant sa "liberté d'offenser", qu'en parfaites publicitaires (davantage en quête d'un slogan percutant que d'une exacte illustration de sa pensée), elles ont détourné de son sens premier. Car la liberté d'offenser d'Ogien est précisément celle qui repousse les limites de l'ordre établi par l'offense qui lui est faite, et sans laquelle le curseur n'avancerait pas. C'est-à-dire l'exact inverse de la proposition qui consiste, pour les hommes, à être libres d'importuner les femmes et pour ces dernières, être libres d'accepter d'être importunées. L'offense acceptée par l'offensée n'est pas une liberté qui repousse les limites de l'ordre établi. C'est celle qui les maintient à l'identique et c'est exactement ce qui résulte de la position prétendument audacieuse des signataires.
S'il faut s'inquiéter aujourd'hui, ce n'est pas de celles qui ne font que balancer leurs porcs comme on vomit un plat faisandé qui pèse sur l'estomac, mais de celles et ceux qui, au pire les enjoignent à se taire, au mieux à s'en remettre à la justice. Ainsi l'offense ne se laverait que par la condamnation de l'offensant. Il n'y aurait de salut que dans les prétoires, et ne pas se soumettre aux interrogatoires de la police ou des magistrats, ne pas s'en remettre à la seule vérité judiciaire, priverait les victimes d'un droit à la parole, pire : les rendraient suspectes. Curieuse injonction que celle de déposer plainte, de la part de certain(e)s qui, en d'autres circonstances, conchient volontiers la justice de classe. C'est faire peu de cas de la façon dont naît le droit, et oublier que les faits l'ont toujours précédé. Si la prolifération du concubinage, ou de l'homosexualité vécue au grand jour, ont fait évoluer le droit, c'est que ce dernier n'est que le résultat d'un rapport de force. Ce même rapport de force peut nous dispenser de la protection de la loi et d'une répartition des rôles en victimes et coupables. Si la peur change de camp, en amont de la justice, si les hommes prennent conscience qu'ils n'ont rien à gagner à se comporter comme des porcs, sauf à se prendre une veste chaque fois qu'ils approchent une femme, alors nous aurons avancé. Mais ce n'est certainement pas en les confortant dans ce qu'ils font de pire que nous y parviendrons.




vendredi 12 janvier 2018

dimanche 7 janvier 2018

2018 : Nouvelles Èves !

(Lawrence Alma-Tadema, Ceci est notre coin, 1873)

(Lawrence Alma-Tadema, Comparaisons, 1892)

(Lawrence Alma-Tadema, Implorations, 1876)