mardi 25 février 2014

Anniversaire


Fille au masque de mort, Frida Kahlo (1938).


Voici tout juste un an que Lilith sévit ici-même, pour son plus grand plaisir, et comme elle est partageuse….

lundi 17 février 2014

Le jeu des cinq familles

(Reportage, investigations et cascades : Lilith Jaywalker)
S’il est une chose qui manquait à Paris pour rendre la ville aux piétons, à n’en pas douter c’était bien de nouveaux clous.
En ces temps – immémoriaux et néanmoins interminables – où le porte-monnaie du pécore/prolo/précaire/chômeur et autres joyeusetés, ne vaut guère plus qu’une capote usagée oubliée au fond d’une poche, nombre d’entre nous allons « au clou » pour y déposer nos riens précieux contre une poignée d’euros prêtés à un taux d’usurier.
Mais si d’aucuns s’y rendent à reculons, en rasant les murs, tête baissée, les bourgeois parisiens – quant à eux – doivent pouvoir les traverser fièrement avant d’enfourcher leur vélib.
Un petit coup de neuf s’imposait donc.
Après avoir hiérarchisé les priorités et longuement hésité sur les budgets à sacrifier, la Mairie, courageuse, trancha ce nœud gordien. Elle gratifia pour l’occasion une brigade d’urbano-designers ès création de lien social et autres vivre-ensemble, piètres plagiaires de Roadsworth (peut-être, d’ailleurs, comme lui, ex-graffeurs reconvertis)…
Ces heureux élus, au terme de quelque brainstorming encocaïné, en vinrent à nous pondre ceci :

 

 


 

 

De quoi nous faire écraser dix fois avant de n’avoir jamais compris (sauf à carburer à la même dope qui, tout compte fait, semble plutôt hallucinogène), et résoudre ainsi, d’un coup d’un seul – à moindre frais – les épineuses questions du mal-logement, du manque de places en crèche et de la surpopulation aux heures de pointe dans les transports en commun...

 

Un grand merci – donc – à la Maison du petit vélo dans la tête !

vendredi 14 février 2014

La victoire suprême du coeur

Il n'y a pas de force supérieure à la force collective des hommes ;
Il n'y a rien de plus digne d'amour que la collectivité des hommes.
Ce n'est que par la force suprême de l'amour que nous mériterons la vrai Liberté, 
car il n'y a de vraie Liberté que la Liberté commune à tous les hommes.

(Richard Wagner, Art et climat, 1850)
 
 

mardi 11 février 2014

Sang d'encre


" Ce garçon s'était affranchi de bonne heure de la servitude maternelle et il avait tant mésusé de la liberté acquise que, vengeresse des mœurs, la débauche l'avait flétri, corps et âme. Se sentant un vrai talent que devaient apprécier les artistes et honnir les bourgeois, il s'était jeté, tête baissée, dans le marécage des lettres. Il n'y avait malheureusement pas un pied d'eau à l'endroit où il avait plongé; il se meurtrit si violemment sur les pierres du fond qu'il se releva découragé avant même que d'avoir tenté de gagner le large. Il vivait de sa plume, autrement dit, il vivait de faim."
 
(Marthe, histoire d'une fille), J.- K. Huysmans (1876).

samedi 8 février 2014

Horizon dégagé


                                                                        Photographie :  Lilith Jaywalker


"… Il faut cesser de céder à l’idéologie et regarder la réalité en face… " 
(René Dosière, député de l’Aisne, sur le Pacte de responsabilité).

dimanche 2 février 2014

Mesclun-mesclun



Bien qu’ayant annoncé de longue date l’exposition du Musée d’Orsay consacrée au nu masculin, pressentie comme l’événement artistique de la rentrée 2013, Lilith ne s’y précipita pas et attendit la récente prolongation pour s’y rendre. 
Elle ne fut ni déçue ni enthousiasmée face à ce melting-pot de l’homme nu à travers les âges, où cohabitent (si l’on peut dire) la beauté grecque antique et le kitsch apollonien de Pierre et Gilles, à son goût (trop) démesurément représentés. Si de belles œuvres furent exposées, comme le bronze d’Arno Brecker – archétype de la beauté « aryenne » – sa proximité, pour ne pas dire promiscuité, avec la vulgarité d’une photographie géante de trois footballeurs en chaussettes, baskets et quéquette à l’air, enfroufroutée d’un cadre en poilou-poilou bleu blanc rouge, laissait à – ne pas – désirer.

                                 


C’est ainsi que l’émouvant corps en déclin du vieux Job de Léon Bonnat, les nus rachitiques d’Egon Schiele, la très sadomasochiste Flagellation du Christ de Bouguereau, le satanique Ange déchu de Cabanel, ou l’Atlas de Sterrer, pour ne citer qu’eux, étaient le plus souvent en bien mauvaise compagnie. Que celle-ci fût masculine ne suffit pas à donner à l’exposition une réelle cohérence. 




 

Car enfin, quel était le but de pareil assemblage ? Certainement pas de pallier l’absence de consécration de la beauté plastique masculine. La diversité de ses représentations au cours des siècles démontre aisément qu’elle n’a jamais été mise en doute. Il s’agissait plutôt d’offrir aux homosexuels une exposition toute tournée vers l’objet de leur désir. Mais c’était aussi les prendre pour ce qu’ils ne sauraient être : de rustres consommateurs d’hommes à poil, incapables, dans un musée ou ailleurs, de découvrir et d’apprécier un corps masculin sans qu’on leur mette le doigt dessus. 
En leur intimant : « allez, regardez bien, , c’en est un ! ». 


   L’égalité devant la mort de Bouguereau

À présent, donc, que ce non-événement a pris fin, ils feront comme ils ont toujours fait, à savoir s’arrêter – loin d’une foule agglutinée et empressée – devant des nus d’hommes sublimes, dont certains, comme L’égalité devant la mort de Bouguereau ou L’école de Platon de Delville, font partie de la collection permanente du Musée d’Orsay. Ce dernier tableau – qui clôturait l’exposition – va enfin retrouver sa salle n°59, son dôme vitré et la compagnie ordinaire de Sérénité, L’âge d’or ou L’amour et la vie, avec qui il s’entend bien mieux. Lilith va pouvoir s’y recueillir comme par le passé, et lire à Platon et ses disciples la nouvelle érotique qu’ils lui ont inspirée, et dont voici (dans l’attente de sa publication prochaine) un court extrait :

« Il manquait quelque chose d’essentiel au sacrement qui se préparait, une sorte de fluide magique auquel aucune entrée, même la mieux protégée, ne saurait résister. Mais également capable, dans les remous et les tourbillons, d’éviter l’affouillement fatal du creusement des eaux à la butée des rives, fussent-elles les plus fragiles.
Abderrazak regarda autour de lui et aperçut au loin, abritées derrière un rang de cyprès, une foultitude de ruches dressées au milieu d’un champ en contrebas. 
Il nous faudrait du miel, dit-il. »   

 Lilith Jaywalker, L’école de Platon in Recto/Verso (à paraître)


L’école de Platon (détail)