Pour lire la véritable prose de Monsieur Plus,
Il y a d'un côté des poseurs de bombes (dont Monsieur Plus n'est pas) et de l'autre côté, des poseurs de l'ultra-gauche que seule, la posture – qui se voudrait l'étalon de la radicalité – intéresse, et là... Monsieur Plus apparaît !
Entre
les deux, tout le monde en prend pour son grade, dans un même vomi au sein
duquel chacun est prié de se reconnaître, qu'on soit aux commandes des Rafale au-dessus des zones de guerre, caissière au
supermarché, prolo à l'usine, étudiant en psycho, pute au bois de Vincennes,
patron du CAC 40, adepte des ballons de rouge au bistrot ou du ballon de foot
au stade ; le tout au milieu des morceaux de chair « United Colors of
Benetton » des morts de tous
genres, tous âges, toutes races et de toutes classes sociales, explosés façon
puzzle, par ceux, qui – EUX – à n'en pas douter, ont fait preuve
d'un véritable sens de la fête et
du discernement...
Le
problème de Monsieur Plus, c'est qu'à force de vouloir – à défaut d'être le dernier des Mohicans – être le
dernier néo-situationniste, il en perd l'essentiel, à savoir : la simple
intelligence des situations. Il
compare l'incomparable, selon la même vieille grille de lecture rouillée depuis
1914, qui ne lui sert plus, aujourd'hui, qu'à le protéger du monde, duquel il
se retire volontiers pour distribuer, depuis quelque base de repli
(pardon ! quelque haut lieu de la réflexion pré-insurrectionnelle), les bons et les mauvais points. Les mauvais points
étant les « accès de confusion extrême » et « chez beaucoup, les
rares crises d'hypocrisie » qui ont suivi le massacre du 13 novembre
dernier.
Il
convient de relever que ces enfoirés mondains, de putains-d'enculés-de-leur-race-de-mort (qu'ils méritaient donc...) n'étaient pas – un vendredi soir – à la mosquée pour
prier, à la maison en train de préparer les makrouds de Shabbat, ou de bouffer
le vénéré pouascaille hebdomadaire, mais des salauds qui, au stade (il fut
pourtant une époque où Monsieur Plus adorait les hooligans...), au bar
(merde ! fait chier, Debord était alcolo ! Mais ça fait rien, les djeuns, ils le savent pas...), ou en train de draguer des
salopes – forcément (sauf la mère, la soeur et la femme
voilée de ces sympathiques djihadistes)...
De
ce merdier – sans nom (bien que celui de religion vienne spontanément à l'esprit de Lilith, qui doit,
sans doute, être en plein délire) – il convient donc de traquer l'hypocrisie.
Lilith
ne s'attardera pas sur le fait que Monsieur Plus estime que cette jeunesse issue de l'immigration, en France ou en
Belgique, a de bonnes raison de se sentir (puisqu'elle n'y vit pas)
« bombardée » au Mali, en Syrie, en Irak, ou encore, en Afghanistan, et
d'en être « passablement échauffée » (mystérieuse puissance de la sensation,
légitimée – ici – par les habituels détracteurs – à juste titre – du foutu sentiment d'insécurité), là où elle n'a cure de la guerre sociale menée contre ses parents, prisonniers de guerre
économique, contre celles et ceux qui luttent dans leurs usines, leurs
quartiers ou dans les ZAD (liste non exhaustive), sur le territoire où elle a
eu le grand malheur de voir le jour et de vivre quand –
il faut bien le reconnaître
– le territoire libéré de l'État Islamique serait de nature à lui assurer
un plein épanouissement...
Non,
en revanche, Lilith s'interroge sur le point de savoir s'il n'y aurait pas une
certaine hypocrisie à – ici-bas –
proscrire l'alcool, la débauche, refuser même de connaître l'amour avant le
mariage, et à se faire sauter le caisson – pourquoi ? Pour baiser 70 vierges et
se prendre une murge de tous les diables, une fois arrivé au paradis. Monsieur
Plus appelle ça : « ne pas redouter la mort » et être
« plus affranchis que nous ». Monsieur Plus serait-il devenu boubourse, au point de ne pas voir la différence entre ne pas
craindre de risquer sa vie pour une vie meilleure – sur Terre – et signer une
pitoyable assurance-Mort avec
l'au-delà ? Le premier sait qu'il n'a qu'une vie et que ce sera – ici et
maintenant – ou jamais. Lui seul fait oeuvre de liberté en ne craignant pas la
mort. Le second agit, au contraire, au service du « divin » et vit dans la crainte des
représailles de son dieu s'il s'écarte du « droit chemin ». Il n'y a
donc aucune liberté à respecter
des principes édictés et à faire exactement ce à quoi on est destiné.
Curieuse
sincérité de l'engagement politique (tout de même !) de celui qui exige en
retour, non seulement une contrepartie garantie, mais encore, que celle-ci soit
l'exacte antinomie – pour l'éternité – des préceptes et des prêches qu'il aura
dispensés – durant les quelques années qu'aura duré sa vie. De ce marché « gagnant-gagnant »,
Monsieur Plus, quant à lui, décèle un « caractère spectaculairement
anti-économique », l'enjeu en
terme de plus-value lui ayant totalement échappé.
C'est
ainsi que dans son impitoyable guerre véritable à l'hypocrisie ambiante, il valide donc toutes les traîtrises et autres promesses non
tenues. Le voilà fin prêt à devenir chef de parti et à mener une brillante
carrière politique. Ses disciples sont désormais prévenus : qu'ils ne viennent
pas se plaindre – après – d'avoir été trompés sur la qualité d'un ennemi de la
marchandise... Car, au terme de ce
« second éditorial », Monsieur Plus s'est dit qu'il était temps de se
définir ainsi et de glisser le mot de « communiste », avant que certains lecteurs(trices) ne soient tentés
de déduire de ce texte, qu'il lui préfèrerait, peut-être, celui de « fasciste ».
Mais
si les religieux nous promettent le paradis, à quoi ressemblerait le « communisme »
de Monsieur Plus ? À lire sa prose, il y a peu de chance qu'on y serait « joyeux »,
« libertin », « décomplexé », « athée », « festif »,
qu'on boirait du « champagne », qu'on se retrouverait au « bistrot »,
qu'on aimerait ou pratiquerait des jeux de balles, qu'on irait au « concert »,
qu'on jouerait ou écouterait « du rock ». Tout ceci n'étant que du « divertissement »,
auquel Tartuffe/Monsieur Plus ne s'adonne JAMAIS, et que le « communisme »
proscrirait, cela va sans dire.
Alors,
c'est pourquoi les cacahouètes que, dans sa grande mansuétude, Monsieur Plus
nous jette pour nourrir nos esprits défaillants, Lilith leur trouve un sale
goût de rance, quand elles ne lui sont pas carrément restées coincées en travers
de la gorge !