Vendredi
20 février 2015, 22 h 30, au bar de la Comédie à Montreuil, c'est la douche
froide : un SMS qui tombe sur le portable d'une amazone de passage : " Hafed
est mort ce soir après la tentative d'une nouvelle opération, le coeur n'a pas
tenu." Inquiétante
étrangeté, au même instant, la chanteuse lilloise de Douche froide assène son punk, tendance coldwave-oï. Dehors, il
pleut. Dedans, une coulée de sueur glacée se transmet de colonne vertébrale en
colonne vertébrale, au fur et à mesure que l'information circule. Après la
sueur, les larmes, après les larmes, l'alcool, pour refluidifier ce sang qui ne
coule plus.
– À la mémoire d'Hafed !
Pintes
tendues vers le plafond, on s'en jette une, puis deux, sans prendre le risque
qu'une goutte de condensation ne tombe dans le breuvage – cul sec –
c'est pas le moment de mettre de l'eau dans
notre vin, Hafed serait furax.
Putain
de merde ! Un de plus, et pas des moindres : très impolyvalent, il maniait
avec art la plume & la plume, et un humour explosif, à fendre les
coffre-forts. Un reubeu bouffeur de ralouf, qui picolait, et qui n'aurait
concédé à personne, et encore moins à un être se voulant plus suprême que lui, une once de sa liberté.
Il
est mort d'avoir eu la mauvaise idée de faire sa première attaque (cardiaque,
pas de banque) en taule. Il en est ressorti le coeur en vrac. Pourtant, du
coeur, il en avait. Quand il a épousé Francine, il était encore sous les
verrous. Il y eut quand même une fête, et pour l'occasion, sa princesse d'ébène
portait une robe sexy en satin bleu turquoise, incarnation de la force de
l'amour qui s'affranchit des murs. Hafed avait préparé pour elle un texte qui fut
lu à sa place. Il finissait comme ça : " Francine, acceptes-tu de me
prendre pour époux, pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que TA mort
nous sépare ? "
Éclat
de rire général...
Lilith saura se souvenir de toutes celles et ceux qui lui offrent à
réfléchir, et qui savent la faire rire. Hafed est de ceux là...
***
À retrouver : la belle - dernière - interview d'Hafed dans le dernier numéro (n°9) de la revue Chéri-bibi...
Merci, Lilith !
RépondreSupprimerPlein de pensées à tous ses millions de sourires et d'espiègleries, et à son intransigeance magistrale…