samedi 17 mars 2018

Balade en Encéphales


Le plus souvent relégués, cachés de la vue du commun des mortels, les fous ces derniers temps sont à l'honneur, à défaut d'être à la fête. C'est ainsi qu'après deux expositions dans les murs du tristement célèbre hôpital Sainte-Anne, s'achève, dimanche 18 mars au soir, l'exposition La folie en tête, dans les murs de ce qui fut la maison de Victor Hugo à Paris. Le choix du lieu n'est pas anodin, le poète ayant vu sombrer dans la folie son frère aîné Eugène et sa fille Adèle. Si ces derniers payèrent leur tribut à la maladie en lui abandonnant tout élan créatif, d'autres, au contraire, flirtèrent avec le génie et nous laissèrent pour mémoire de leurs vies confisquées des oeuvres à faire pâlir d'envie la bande d'imposteurs de la FIAC. La folie en tête nous ramène aux racines de l'art brut, avant que Jean Dubuffet n'en devienne le grippe-fous qui feront sa fortune et qu'un dessin d'Adolf Wölfli, interné à l'hôpital psychiatrique de la Waldau à Berne et mort en 1930, ne s'échange aujourd'hui contre la modique somme de 150 000 €. 
L'exposition est répartie autour des collections de quatre médecins aliénistes des 19ème et (début du) 20ème siècles : la collection du docteur Browne, médecin à l'asile de Crichton, en Ecosse, destiné aux patients aisés, bénéficiant de cours de dessin parfois prescrits à des fins thérapeutiques ; la collection du docteur Auguste Marie, médecin-chef de l'asile de Villejuif en 1900, avant de rejoindre Sainte-Anne en 1920, et qui, dès 1908, réunissait déjà pas moins de 1500 pièces ; la collection de Walter Morgenthaler, médecin à l'hôpital psychiatrique de Berne, composée de 2500 images sur des feuilles de papier, dans des cahiers à dessins, 2000 feuillets de textes, sculptures en bois, tissu ou argile, comme autant de portraits de l'âme des pensionnaires ; enfin, la collection du docteur Hans Prinzhorn, rassemblée dans la clinique universitaire de Heidelberg, débutée par son prédécesseur Emil Kraepelin, dès 1871, dans la perspective de la consitution d'un musée de l'art des aliénés.
Si ces oeuvres disparaîtront de la maison de Victor Hugo dimanche soir pour n'y laisser que les fantômes de leurs auteurs, elles reprendront dès lundi leur place dans les bibliothèques Dunfries et Galloway, au Royaume-Uni, dans la collection d'art brut du musée de Lausanne et au musée de l'hôpital psychiatrique Stiftung à Berne, en Suisse, dans celui de la clinique d'Heidelberg en Allemagne, ou encore au Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut de Villeneuve d'Ascq, en France. Lilith remercie de tout coeur la folie de lui inspirer ainsi de nouveaux désirs de voyages et de lui offrir un peu de beauté dans ce monde de brutes.

(Auteur : Le Voyageur Français)

(Le Voyageur Français)

(Le Voyageur Français)

(Émile Josome Hodinos, sans titre

(Émile Josome Hodinos, sans titre) 

(Adolf Wölfli, sans-titre, 1915) 

(J.G., The Confessional Press)

(Joseph Askew, Stylised Figure)

(Anonyme, Februarius)

(Anonyme, Seascape with upside down view)






1 commentaire:

  1. Effectivement, ça vaut le coup d'être vu. A la parole errante, durant la semaine de la folie ordinaire, il y a aussi eu de beaux tableaux, de nouveau amitiés, Adbel Strummer alias Laurent Diox.

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