Presque un demi-siècle après
Jacques Rivette, qu’il trouva sans doute trop fidèle à la lettre du texte, Guillaume Nicloux nous pond cette semaine une
nouvelle adaptation de La religieuse de
Diderot. L’intérêt de cette dernière, si l’on en croit son modeste réalisateur
récemment interviewé sur les ondes, réside dans la mue qu’il a opérée :
« Il
y a trois ans, dit-il, je me suis
totalement débarrassé de l’image fausse, anticléricale de Diderot ».
Celui qui jusqu’ici avait, entre
autres chefs-d’œuvre, adapté un ouvrage consacré à un invertébré, se pique
donc aujourd’hui non pas d’une simple relecture personnelle et moins vintage – bouffer du curé serait devenu
terriblement ringard – du brûlot de Diderot, mais de rétablir l’auteur dans sa vérité. L’encyclopédiste éclairé et
fin gourmet, dont des générations d’admirateurs crédules auraient en effet mal
compris l’esprit, ne se serait en
réalité jamais dressé contre la religion elle-même et n’en aurait refusé que
ses possibles excès, comme ceux de la table, en quelque sorte.
Pour nous offrir cette formidable
découverte, Guillaume Nicloux explique s’être «concentré sur le noyau dur du récit ». Noyau apparemment
trop dur pour sa tête molle, qui nous rêve un Diderot bien dégagé derrière les oreilles et dépourvu, entre les deux, de
toute substance cérébrale.
Sans vouloir enfoncer Nicloux,
Lilith, brave fille et prête à rendre service, lui rappelle, s’il souhaite tant illustrer sa propre ferveur
cléricale, que l’intégrale de Pomme d’api
et Fripounet n’a encore jamais
été portée à l’écran.
La religieuse, en sale
depuis mercredi 20 mars.
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