lundi 7 avril 2014

Beauté instituts


« De même que, dans ce grand souci capital de l’État moderne, l’homme est supposé être pour tous les temps un être faible dont il faut se défier, qu’il faut retenir ou guider par des lois, dans le droit chemin, au moyen de la propriété ; de même, au point de vue de l’art et des artistes, il n’y a que les institutions artistiques qui soient une garantie de propriété de ceux-ci et de celui-là : sans les académies, les institutions et les codes, l’art nous paraît, à tout moment, devoir – pour ainsi dire – se décoller ; nous ne pouvons en effet nous figurer d’activité libre, autonome, chez les artistes. La cause en est uniquement que nous ne sommes pas, à la vérité, de vrais artistes ni surtout de vrais hommes ; et ainsi, le sentiment de notre propre incapacité et de notre bassesse, dont notre lâcheté et notre faiblesse nous rendent coupables nous-mêmes, nous rejette dans l’éternelle préoccupation de faire des lois pour l’avenir, des lois dont la contrainte fait que nous ne devenons jamais ni de vrais artistes ni de vrais hommes. »
 
(Richard Wagner, L’œuvre d’art de l’avenir)

Pour information :
À partir du 8 avril et jusqu'au 4 mai 2014 : Tristan und Isolde, à l'Opéra de Paris. Une version amniotique, sous l'égide du vidéaste Bill Viola, lui même exposé au Grand Palais du 5 mars au 21 juillet 2014

12 commentaires:

  1. Superbe...

    Du ravalement au recollement définitif ? Espérons...

    Pourquoi pas le Brazil ?

    Bien à vous,

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  2. Oui, ou pourquoi pas Los Angeles (2013, bien sûr).
    Mes hommages déridés.

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  3. Bill Viola...? Le vidéaste qui avec ses séquences christiques voudrait réhabiliter Dieu aux yeux du public branché amateur d'art contemporain ? Comme on disait en des temps plus lucides: "à la niche les glapisseurs de Dieu !"
    Averell

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  4. Je n’aurais pas dit mieux si j’avais, moi-même, ne serait-ce qu’aperçu l’ombre vilaine du Christ. Pour m’être rendue au Grand Palais (je ne connaissais pas l’animal, et des petites mains de l’Opéra m’invitaient à la générale de "Tristan et Isolde"), j’y ai décelé une obsession aquatique nimbée d’un certain mysticisme, mais point de prosélytisme chrétien. Quelque chose m’aurait-il échappé ? Si tel est le cas, je vous en prie, Cher Averell, éclairez-moi !

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  5. Alors vous n'avez pas eu la patience de voir toutes les vidéos jusqu'au bout, ma chère. Moi qui me suis infligé ce supplice (en pénitence de vices bien inavouables), je l'ai vu à plusieurs reprises, l'affreux crapaud. Je ne me souviens plus des titres mais je l'ai aperçu au moins trois fois, à chaque fois s'élevant en croix vers le ciel. Cependant je n'ai pas parlé de prosélytisme. Vous avez décelé une obsession aquatique nimbée d’un certain mysticisme, bien, mais avez-vous noté le caractère très glauque de l'humanité telle qu'elle est présentée ? On ne rigole pas dans l'univers de Viola, on a juste le droit de dégouliner de notre liquide amniotique. Au mieux de nous extasier du reflet de notre absence au monde qui transparaît à sa surface. Il n'y a que de vieux croutons et de vieilles poules new age pour s’enthousiasmer à la vue d'une telle exposition.
    Averell

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  6. Je reconnais n'avoir pas eu la patience de regarder toutes les vidéos jusqu'au bout, d'autant que j'étais pressée de traverser la rue pour aller voir les hommes nus de Robert Mapplethorpe… On m'avait, en effet, alléchée avec une back room interdite aux moins de dix huit ans qui s'est avérée une parfaite arnaque!
    Mais Cher Averell, plutôt que d'aller au musée, que diriez vous d'une petite lecture de l'Idiot dans un jardin public?

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  7. Une lecture de l'Idiot, pourquoi pas, mais pourquoi diable dans un jardin public ? Ou alors, quitte à lire dans un jardin public, je préfère le Maitre et Marguerite. Quant à l'arnaque Robert Mapplethorpe, je m'étonne de votre naïveté.
    Averell

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  8. Excusez-moi, Averell, je vous ai pris pour un blogueur blagueur, longtemps disparu, qui signait souvent : "L'idiot". Je l'ai imaginé en balade à Paris, d'où l'idée du jardin public. Mais quant à Mapplethorpe, j'ai pris le soin de circonscrire l'arnaque à la backroom pour vierges effarouchées. Pour le reste, son esthétique n'est pas pour me déplaire...
    Bien à vous.

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  9. Je vous excuse bien volontiers, ma chère. Pour votre pénitence je vous retourne votre invitation: vous me lirez ou relirez trois fois Le Maître et Marguerite (dans le texte de préférence quoique la traduction de Claude Ligny soit tout à fait acceptable). Cette saine lecture vous fera opportunément sortir de la tête les visions cadavériques de ce Bill Viola dont vous faites étrangement grand cas avec le Moine. Êtes-vous tous les deux tombés dans un bain de formol ?
    Averell

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  10. J'ai eu il y a longtemps de cela, un très beau chat roux, baptisé Béhémoth après la saine lecture dudit roman, fort bien traduit par le susnommé Claude Ligny, en effet. Une compagnie de ma connaissance, "Le théâtre du voyageur", actuellement à la Cartoucherie de Vincennes, l'avait merveilleusement adapté voilà quelques années, ce qui me donna l'occasion de le redécouvrir et le redévorer... Ceci devrait suffire à me dispenser de ma peine. Si je ne m'étais pas contentée, en suite bien négligeable de l'extrait choisi d'un texte de Wagner, de simplement passer l'information de l'existence de cette maudite exposition, quelle volée de bois vert ne m'auriez-vous point lancée?
    Mais rafraîchissez-moi la mémoire, mon Cher Averell : le petit teigneux chez les Dalton, ce n'était pas Joe ?

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  11. La teigne est un insecte bien nuisible, ce que je ne suis pas, chère Lilith. C'est à votre bien que je pense, soyez en sûre. Votre confession argumentée vous dispense de votre peine pour cette fois. Vous voyez, je ne suis pas teigneux mais n'en abusez pas. Qu'est ce que vous faites à manger ce soir ?
    Averell

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  12. Une poêlée de blattes, de sauterelles, de grillons et de phasmes, que des protéines ! Je vous invite ?

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