dimanche 14 février 2016

La liberté d'aimer n'est pas moins sacrée que la liberté de penser (Victor Hugo)


Heureux sont celles et ceux qui en doutent, il leur reste encore quelques jours pour s'en convaincre. Sous la plume, la pointe et le pinceau du poète, Entre pudeur et excès, c'est un hommage délicat à la beauté, au désir et à l'amour qui nous est donné à voir, à lire et à écouter dans le douillet cocon d'un hôtel particulier de la place des Vosges, où, à travers les hautes fenêtres des salons capitonnés, la pluie hivernale prend des allures de semence argentée.
Ici, tout pourrait n'être que luxe, calme et volupté s'il n'y avait cette faute de goût en la présence bruyante et inquisitrice, dans la seconde salle de l'exposition, d'une vidéo de la pièce de théâtre Lucrèce Borgia, surjouée par une Béatrice Dalle trempant jusqu'à la taille sur un plateau transformé en bain-douches. Les oreilles fragiles passeront leur route et iront vite se réfugier dans la dernière salle de l'exposition, sans doute la plus artistiquement cossue. Ceux que la beauté – donc le bizarre – n'effrayent pas, s'attarderont sur les lithographies de Martin Van Maele : La reine du monde ; le coït des atomes ; Dieu subit l'horreur d'être seul dans sa gloire ; Ventouse venimeuse ; insatiable gouffre ; ou encore Eden. Ils redécouvriront la fameuse pieuvre d'Hokusaï et sa terrifiante charge érotique, ici déclinée et commentée par Hugo dans Les travailleurs de la mer, pour qui le pire n'est pas tant d'être dévoré vivant que l'idée d'être absorbé, ou tout simplement bu vivant par l'insatiabilité tentaculaire du monstre marin. Enfin, ils admireront le corps féminin dans tous ses états, tel que vu, aimé, imaginé ou craint par ces artistes dont on ne se lasse pas : Böcklin, Cabanel, Courbet, Boulanger ou encore Rops, et emporteront en souvenir ces quelques paroles de Victor Hugo : La femme nue, c'est la femme armée.
De quoi méditer...

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