samedi 31 octobre 2015

PIR to pire



Parce que Lilith pense que les mots ont encore un sens, elle ne croit pas davantage aux « glissements » du Parti des Indigènes de la République (PIR) qu’aux dérives du capitalisme. Et il n’y a pas plus de racialisme matérialiste que de marché vertueux. Racialisation et libéralisme sont intrinsèquement liés à leurs  supposés dévoiements, que seuls(es) des sophistes – insolubles dans le communisme – peuvent ingénument prétendre découvrir.

La « marche des dignités contre le racisme » est une injure à l’intelligence, et Lilith ne quittera donc pas son lit. Mais puisqu’aujourd’hui, après la fête des mères et autres journées de la Femme, c’est la journée de la Race qui est à l’honneur, bonne âme, elle tient quand même, ici, à témoigner de sa participation :

« Race (sa, ta) : Définitions : (….) - Faire, défoncer, éclater, mettre, niquer sa race : indéniable contribution à la richesse de la langue française qui signifie frapper quelqu’un. – Autres acceptions : Arrache ta race ! : veuillez quitter les lieux sans tarder. Variante : casse-toi pauv’ con ! Ferme ta race ! : je vous demande de vous taire. Sa race ! : je suis de très mauvaise humeur aujourd’hui. Sa race, c’bouffon ! : cet individu m’exaspère considérablement. S’en battre la race : se désintéresser totalement d’un problème métaphysique. Transpirer sa race : être terrifié au plus haut degré. Restent les insultes diverses. Putain d’enculé d’ta race ! : homosexuel d’une ethnie méprisable qui se livre à la prostitution. Sale bouffon d’sa race ! : encore plus bouffon qu’un simple bouffon. Ta mère la salope à quatre pattes qui suce sa race ! : mère de famille aux mœurs légères dotée d’une souplesse remarquable. Va niquer ta race, sale bâtard ! : je ne t’aime pas, mais je respecte ta vie sexuelle. »

(Philippe Normand, Dictionnaire des mots des flics et des voyous)

3 commentaires:

  1. "Racialisation et libéralisme sont intrinsèquement liés à leurs supposés dévoiements"

    Mais encore ? Avez-vous développé l'idée ? Elle est intéressante et un peu bête I am...

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  2. Affirmer que les glissements et dérives du concept de racialisation ou du système capitaliste leur sont intrinsèquement liés, c'est reconnaître qu'ils sont inhérents à leur essence même et leur sont donc indissociables.
    Les baisses de croissance, hausses du chômage, crises économiques et financière ne sont pas ces maladies du libéralisme dont les sociaux-démocrates prétendent nous guérir, ce ne sont que les manifestations de la baisse tendancielle du taux de profit, à laquelle le capitalisme ne saurait ni ne pourrait échapper. Ainsi ses "dérives" ne lui sont pas contingentes, elles sont bien au contraire de toute nécessité attachées à lui.
    Il en est de même de la racialisation, dès lors qu'au-delà du seul constat de l'existence du racisme et du besoin impérieux de le combattre sous toutes ses formes, on s'intéresse au projet politique du PIR, qui consiste à observer le monde à travers le prisme de la race, et à circonscrire les actions individuelles et les mouvements sociaux aux limites d'une appartenance à une"communauté" ou à une autre.
    Placer la race au centre du combat politique, c'est nécessairement priver l'individu de tout pouvoir sur sa vie. C'est le marquer au fer rouge du sceau de son origine, avec tout ce qui pourra en résulter – selon chacun – de frustration ou de fierté, mais sans jamais pouvoir s'en départir. Dès lors, tout ce qui tend vers l'universel est inéluctablement proscrit, à commencer par la remise en cause du concept même de race. Le but n'est plus d'en finir avec les rapports de domination raciales, mais de les inverser, et de placer le "racisé" au sommet du rapport de force, en ne lui opposant aucune contradiction. Sauf à vouloir calquer sur lui des préoccupations libératrices (lutte des classes, athéisme, féminisme, libertinage, homosexualité…) qui ne sont, du point de vue du PIR, que des valeurs propres à la domination blanche et, par conséquent, impartageables. C'est ainsi que, pour les " racisé.e.s ", le féminisme passe par le port du voile, l'homosexualité ne se revendique que dans la sphère privée, l'existence de dieu n'est plus un sujet mais un axiome de base. Quant à la lutte de classes, elle pose un problème majeur dans une vision du monde racialisée et fait carrément chier : quid des "racisés" vigiles de supermarché, flics à la BAC, gardiens de prison, juges d'instruction, chefs d'entreprises ou président des Etats-Unis ? Quand les valets et rois du capital ont la couleur des opprimés, le racialisme se heurte à ses limites. Alors, pas plus que l'économie de marché ne peut éviter ses "dérives", sauf à renoncer au profit et donc à sa propre existence, les racialistes portent en germe, dans leur piètre théorie, le plus grand champion de la glisse !

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  3. Cimer pour ce lumineux commentaire !

    Un passant d'outremonde

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