« La
vodka ne fait jamais mal lorsqu’on la boit à deux. Le principe du toast a été
inventé par les Russes pour se passer de la psychanalyse. Au premier verre, on
se met en train ; au second, on parle sincèrement ; au troisième, on vide son
sac et, ensuite, on montre l’envers de son âme, on ouvre la bonde de son coeur,
et tout – rancoeurs enfouies, secrets fossilisés et grandeurs contenues – finit
par se dissoudre ou se révéler dans le bain éthylique. »
(Sylvain Tesson, Le phare, in Une vie à coucher
dehors)
Tesson de bouteille.
RépondreSupprimerPardon.
Inutile contrition, mon Cher Moine, le principal intéressé n'aurait pas dit mieux :
RépondreSupprimer" Et d'où vient ma préférence des particularismes aux ensembles, des individus aux groupes ? De mon nom ? Tesson, le fragment de quelque chose qui fut. Il conserve dans sa forme le souvenir de la bouteille. Le Tesson serait un être nostalgique de l'unité perdue, cherchant à renouer avec le Tout. Ce que je fais ici, en me saoulant dans les bois. "
(Sylvain Tesson, in Dans les forêts de Sibérie)
Le mot comporte aussi l'idée d'une possible blessure, de soi, des autres, ce qui n'est pas négligeable non plus.
RépondreSupprimerBien à vous,
Catherine
Et qui explique également le "petit" penchant pour la bouteille…
SupprimerEn voilà un qui a de la chance de cumuler ainsi les bonnes raisons de se mettre à l'envers.
Mes hommages.
Ledit Tesson est paraît-il surnommé Prince des chats grâce à la facilité avec laquelle ill s'accroche aux urbaines façades.
RépondreSupprimerNdlr: au moment de mettre sous presse, nous apprenons qu'il a chu. Ses jours n'étant pas en danger, nous lui souhaitons les meilleurs cuites forestières, ainsi que quelques amazones à lianes multiples.
Recevez, Dame Lilith, nos plus vifs hommages rhizomiques.
C'est exact, Très Cher Marquis, le Prince des chats, ayant pour péché mignon de lier la voltige à l'ivresse, dans une quête INFINIE de vertige, a FINI par tomber – comme tous les chats. C'était le 20 août 2014, du toit d'un chalet de Chamonix : 3 grammes d'alcool dans le sang et 10 mètres de chute...
SupprimerMais je constate qu'en tant que meilleur ami des animaux, son nom ne vous était pas étranger. Je voulais – un de ces jours – vous dédier un passage du livre de lui que je cite dans mon billet, vous m'en donnez aujourd'hui l'occasion.
En voici un, mais il y en a beaucoup d'autres :
« La vie dans les bois permet de régler sa dette. Nous respirons, mangeons des fruits, cueillons des fleurs, nous baignons dans l'eau de la rivière et puis un jour, nous mourons sans payer l'addition à la planète. L'existence est une grivèlerie. L'idéal serait de traverser la vie tel le troll scandinave qui court la lande sans laisser de traces sur les bruyères. Il faudrait ériger le conseil de Baden-Powell en principe : " lorsqu'on quitte un lieu de bivouac, prendre soin de laisser deux choses. Premièrement : rien. Deuxièmement : ses remerciements. " L'essentiel ? Ne pas peser trop à la surface du globe. Enfermé dans son cube de rondins, l'ermite ne souille pas la Terre. Au seuil de son isba, il regarde les saisons danser la gigue de l'éternel retour. Privé de machine, il entretient son corps. Coupé de toute communication, il déchiffre la langue des arbres. Libéré de la télévision, il découvre qu'une fenêtre est plus transparente qu'un écran. Sa cabane égaie la rive et pourvoit au confort. Un jour, on est las de parler de "décroissance" et d'amour de la nature. L'envie nous prend d'aligner nos actes et nos idées. Il est temps de quitter la ville et de tirer sur les discours le rideau des forêts. »
(Dans les forêts de Sibérie, p.43)
Dame Lilith, ce Prince de l'ethylisme en thébaïde parle d'or.
SupprimerJ'enverrai mes gens quérir cet opuscule qui semble de fort belle facture dès demain.
Si chèvre Natalie était encore parmi nous, elle vous offrirait ses oreilles dressées.
Hommages daodéjin-tchouang-tchin.
L'âme slave au secours des mordus du tiers payable...
RépondreSupprimerUne des plus jouissives critiques de la psychanalyse. Plus simple tu meurt !
Sans compter que j'aime bien aussi me faire l'a-vodka du diable !
RépondreSupprimerCatherine
(Aïe aïe aïe !)
Rassurez-vous, Catherine, si vous oeuvrez ainsi à la défense du diable, je vous tends mon godet ...
RépondreSupprimerMes infernaux hommages