« Le comte et la comtesse de Savigny ne
voyagent point ; ils viennent quelquefois à Paris, mais ils n’y restent
que quelques jours. Leur vie se concentre donc tout entière dans ce château de
Savigny, qui fut le théâtre d’un crime dont ils ont peut-être perdu le
souvenir, dans l’abîme sans fond de leurs cœurs…
– Et ils n’ont jamais eu
d’enfants, docteur ? – lui dis-je.
– Ah ! – fit le docteur Torty, –
vous croyez que c’est là qu’est la fêlure, la revanche du Sort, et ce que vous
appelez la vengeance ou la justice de Dieu ? Non, ils n’ont jamais eu
d’enfants. Souvenez-vous ! Une fois, j’avais eu l’idée qu’ils n’en
auraient pas. Ils s’aiment trop… Le feu, – qui dévore, – consume et ne produit
pas. Un jour, je le dis à
Hauteclaire :
« – Vous n’êtes donc pas triste de
n’avoir pas d’enfants, madame la comtesse ?
» – Je n’en veux pas ! – fit-elle
impérieusement. J’aimerais moins Serlon. Les enfants, – ajouta-t-elle avec une
espèce de mépris, – sont bons pour les femmes malheureuses ! »
(Barbey d’Aurevilly, Le bonheur dans le crime)
Le bonheur est dans le crime, certes, mais plus encore dans la non-procréation.
RépondreSupprimerVous êtes une véritable amazone des eaux et forêts profondes, Dame Lilith.
Quand tout s'écroulera, vous galoperez encore des millénaires durant sur les ruines luxuriantes, en compagnie des chèvres immortelles.
Mes plus fuligineux et caprins hommages.